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Scientific Woman of the Week - Marianne Grumberg Manago

Publié le 3 juillet 2023 Mis à jour le 21 juin 2023

Marianne Grumberg Manago : de la Russie à la direction du l’Institut Aubel de Biologie physicochimique à Paris, jusqu’à la Présidence de l'Académie des Sciences, un parcours scientifique exceptionnel.

Marianne Grumberg Manago nait le 6 janvier 1921 à Saint-Petersbourg. Sa famille fuit la Russie, dévastée par la révolution et confrontée à la famine, pour s’exiler en France, à Paris et ensuite à Nice.

Malgré des conditions financières très difficiles (les professeurs devaient lui prêter des livres qu’elle ne pouvait acheter) elle décroche le bac maths et philo à 17 ans. Elle obtient ensuite  un certificat de littérature comparée, mais la guerre l’empêche de poursuivre dans cette voie. Elle remplace alors des enseignants de maths et sciences naturelles, ce qui déclenche son intérêt pour cette dernière discipline.

Elle obtient une licence en sciences naturelles de l’Université de Paris en 1943 et un doctorat en chimie biologique en 1947.

Marianne Grumberg Manago découvre la passion de la recherche au sein du laboratoire de biologie marine de Roscoff. Avec une certaine audace, elle décide de partir travailler aux États-Unis avec son mari, un peintre connu, et s’installe près de Chicago.  Elle obtient ensuite une bourse de la New York University, lui permettant de rejoindre, en 1954, le laboratoire de biologie moléculaire de Severo Ochoa, un biochimiste moléculaire de renommée mondiale, qui obtiendra 5 ans plus tard le prix Nobel de physiologie ou médecine pour ses recherches sur la synthèse de l’ARN, recherches auxquelles elle a participé.

C’est dans ce laboratoire que Marianne Grumberg Manago fait une découverte majeure : la polyribonucléotide nucléotidyltransférase, première enzyme isolée qui est capable de synthétiser des macromolécules avec la structure d’acides nucléiques, à partir de mononucléotides.  Ce résultat a permis de mieux comprendre les mécanismes de synthèse des acides nucléiques, en particulier l’ARN, et de déchiffrer le code génétique.  Ce travail est publié en 1956.

Marianne Grunberg-Manago revient à l’Institut de Biologie physicochimique à Paris en 1965, où elle contribue à la compréhension, à l'échelle de la molécule, des mécanismes de la synthèse des protéines et de la détermination du rôle in vivo des divers éléments de cette synthèse. L’élucidation des étapes de la traduction génétique lui valut le prix Charles-Léopold Mayer en 1966.  Elle poursuit également l’étude du rôle biologique de la polyribonucléotide nucléotidyltransférase qui, en fait, est une enzyme de dégradation plutôt que de synthèse des polynucléotides in vivo. .

En 1961, elle est directrice de recherche au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique). En 1967 elle devient cheffe de service du laboratoire Aubel à l’institut de Biologie physicochimique. Elle fut une véritable ambassadrice de la science française : elle représenta la France au Conseil International de la Science et devient membre de l’Union International de Biochimie. En 1977, elle est élue correspondante de l’Académie des Sciences françaises.

Le 1er janvier 1995, elle succède à une longue lignée de plus de 200 hommes et devient la première présidente de l'Académie des sciences. « Je suis la revanche de Marie Curie et de sa fille Irène Joliot-Curie » s'exclame-t-elle, en faisant référence au fait qu’elles n’ont pas été admises à l’Académie… Il faut en effet attendre 1979 pour qu'une femme mathématicienne, Yvonne Choquet-Bruhat, soit admise dans ce cénacle !

Selon son éthique, la recherche « ne doit surtout pas être programmée ; les plus grandes découvertes se font toujours par hasard, là où on les attend le moins. Un chercheur doit être un créateur, comme un peintre, mais il lui faut avoir les nerfs solides - car on fait si souvent fausse route avant de savourer le bonheur d'une découverte - et posséder une bonne dose d’intuition, une grande honnêteté et une formidable rigueur ».

Marianne Grunberg-Manago obtient de nombreux prix et distinctions et s’éteint le 3 janvier 2013 à l’âge de 91 ans.


Crédits photo : Archivo Academia Europaea
Date(s)
du 3 juillet 2023 au 10 juillet 2023