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Scientific Woman of the Week - Naomi Oreskes

Publié le 11 septembre 2023 Mis à jour le 4 décembre 2024

Naomi Oreskes est une éminente enseignante-chercheuse américaine. Elle est spécialiste du rôle des sciences dans l’évolution des débats de société, en particulier en rapport à des questions environnementales et climatiques. Ses travaux s’inscrivent dans différentes disciplines comme l’histoire des sciences et la géophysique. Elle intervient également dans des débats publics.

Née le 25 novembre 1958 à New York, Naomi Oreskes est la fille de Susan Eileen, une enseignante, et d'Irwin Oreskes, un professeur en sciences médicales de laboratoire. Elle est diplômée en géologie minière par la Royal School of Mines de l'Imperial College, en 1981 à Londres. Elle débute sa carrière dans une compagnie minière en Australie. Elle décide ensuite de reprendre ses études et obtient un doctorat en géologie en 1990. La doctorante s’intéresse de plus en plus à l’histoire des sciences, aux questions environnementales et aux liens entre la science, la politique et la société.

Au début des années 1990, Naomi Oreskes devient professeure adjointe de sciences de la Terre et d'histoire au Dartmouth College, à Hanover, dans le New Hampshire. Elle reçoit le prix du jeune chercheur de la National Science Foundation en 1994. Ce prix vise à soutenir et à promouvoir la recherche novatrice menée par des scientifiques en début de carrière. Par la suite, de 1996 à 1998, elle occupe le poste de professeure associée d'histoire et de philosophie des sciences à la Gallatin School of Individualized Study de l'université de New York. En parallèle, elle mène des recherches sur l'histoire de la géologie, en mettant l'accent sur la formation, l'adoption et la remise en question des idées scientifiques.

Elle publie en 1999 The Rejection of Continental Drift, coécrit avec l’historien Erik M. Conway. Cet ouvrage est remarqué pour son analyse détaillée du rejet initial de la théorie de la dérive des continents. Son article « The scientific consensus on climate change » publié dans Science en 2004 a été marquant pour établir scientifiquement qu’il existait un très large consensus sur la science du climat, alors même que celle-ci était souvent contestée dans certains médias.

En 2010, les deux auteurs font paraitre Les Marchands de doute, aujourd’hui l’une des références les plus importantes sur les controverses climatiques. Oreskes et Conway y identifient des parallèles entre le débat sur le changement climatique et des controverses publiques antérieures, telle la campagne de l'industrie du tabac qui dissimule le lien entre le tabagisme et les maladies graves. Ils exposent comment des lobbyistes et des scientifiques ont activement discrédité les preuves du réchauffement climatique d'origine humaine et ont ainsi volontairement semé le doute dans la société sous couvert de discussions scientifiques. Ce livre contribue à une meilleure compréhension de la politisation des sciences, en particulier aux Etats-Unis.

La chercheuse rejoint l'université de Harvard en tant que professeure au département d'histoire des sciences et au département des sciences de la Terre et des planètes en 2013. L’année suivante, elle collabore une fois de plus avec Erik M. Conway pour publier un nouvel ouvrage L'effondrement de la civilisation occidentale, un récit de science-fiction se déroulant en 2393 qui explore les conséquences possibles de l'inaction face au changement climatique, mais aussi certaines de ses causes.

Au fil de sa carrière, Naomi Oreskes s'est impliquée dans plusieurs initiatives et organisations axées sur la défense de la science et la sensibilisation aux enjeux climatiques. Entre 2010 et 2012, elle a participé à des colloques, organisés par l’ULB, autour des controverses climatiques. Ces conférences ont mené à la publication du recueil Controverses climatiques, sciences et politique. Depuis 2017, elle siège au conseil d'administration du National Center for Science Education, une organisation qui promeut l'enseignement de la science dans les écoles.

Naomi Oreskes est également membre du conseil d'administration du Climate Science Legal Defense Fund, qui fournit un soutien juridique aux scientifiques engagés dans des litiges liés au climat.

Plus récemment, Naomi Oreskes s'est intéressée à l'évolution de la science océanique, elle examine le rôle des financements militaires dans ce domaine : Science on a Mission (2021) explore les implications de cette relation. Elle examine également le rôle des acteurs économiques américains dans la discréditation de l'État et dans la réification du marché libre, une fois de plus en collaboration avec Erik M. Conway dans The Big Myth (2023).

Auteure et coauteure de neuf livres et de plus de 150 articles scientifiques, d'opinions et d'essais, Naomi Oreskes contribue de manière significative à notre compréhension des méthodes scientifiques, du consensus et de la dissidence.

En reconnaissance de ses travaux, Naomi Oreskes a reçu de nombreuses distinctions, dont le prix Francis Bacon en histoire des sciences et le prix Stephen H. Schneider pour la communication sur le climat. En 2019, elle a été honorée de la prestigieuse médaille de la British Academy. 

Naomi Oreskes a marqué le domaine de l'histoire par ses recherches approfondies et son engagement actif. Son parcours interdisciplinaire, son implication dans la lutte contre le changement climatique et son positionnement ferme en faveur de la parité hommes-femmes dans le domaine scientifique, font d'elle une figure éminente dans l'avancement des connaissances sur les dynamiques socio-environnementales.

En 2023, l’ULB et la Faculté des Sciences de l’ULB décernent un Doctorat Honoris Causa à Naomi Oreskes.


Crédits photo : Wiki Commons
Date(s)
du 11 septembre 2023 au 18 septembre 2023