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Scientific Woman of the Week - Katherine Johnson

Publié le 28 novembre 2022 Mis à jour le 27 juin 2023

Par son intelligence et sa persévérance, réputée pour la qualité de son travail et la justesse de ses calculs, Katherine Johnson s’est fait une place dans un milieu d’hommes blancs au sein de la NASA. Elle fait partie des scientifiques qui ont rendu possible la mission Apollo 11.

Être l’une des rares personnes afro-américaines à intégrer les écoles supérieures de Virginie-Occidentale n’a été qu’une des nombreuses avancées qui ont marqué la longue et remarquable vie de Katherine Johnson. 

Katherine Johnson est informaticienne, mathématicienne et ingénieure spatiale américaine.  Née en 1918, dans une famille modeste, elle vit avec ses parents et ses trois frères et sœurs dans le comté de Greenbierg en Virginie où sont appliquées les lois ségrégationnistes. Son père est bûcheron et sa mère enseignante.

Enfant, elle montre très vite des dispositions entre autres pour les mathématiques. Elle rentre au lycée à l’âge de 10 ans et obtient son diplôme de fin lycée à l’âge de 13 ans. Son parcours scolaire ne fut cependant pas sans souci. Dans une Amérique encore ségrégationniste, Katherine Johnson ne peut être admise au lycée public de son propre comté, ses parents l'envoient dès lors dans un autre comté à la West Virginia State College. Après le lycée, elle intègre l’Université de l’État de Virginie-Occidentale qui accueille les étudiants afro-américains. Là-bas, elle y suivra tous les cours de mathématiques proposés. À l’université, le professeur de mathématiques W. W. Schieffelin Claytor, le troisième Afro-Américain à obtenir un doctorat en mathématiques, sera son mentor. Elle obtient en 1937 un double diplôme en mathématiques et en français avec la plus haute distinction.

Katherine Johnson devient ensuite professeur de mathématiques dans une école publique pour étudiants Afro-Américains en Virginie. Elle quitte son poste de professeur en 1939 pour intégrer le programme de mathématiques de l'Université de Virginie-Occidentale, à Morgantown. Elle est l’un des trois étudiants afro-américains et la seule femme noire à être autorisée à intégrer l’université de Virginie-Occidentale par le président de l’État John W. Davis sur décision de la Cour Suprême des États-Unis. Elle quitte le programme après la première session pour fonder une famille avec son mari James Goble.

En 1952, la NASA, alors encore appelé la National Advisory Committee for Aeronautics (NACA) lance une campagne de recrutement pour le centre de recherche de Langley. Katherine Johnson postule, et un an plus tard en 1953 commence son aventure auprès de la NACA. On lui propose un poste qu’elle accepte immédiatement.

“Aimez ce que vous faites, et alors vous ferez de votre mieux."


À l’époque la NACA pratique la ségrégation et organise deux divisions de femmes informaticiennes, une pour les femmes blanches et une autre pour les femmes noires.

“Je suis restée là, stupéfaite... À l'époque, il était rare de voir une salle remplie d'autant de femmes [noires] professionnelles... Aucune d'entre elles n'était enseignante ou infirmière... et aucune n'était domestique.”


Elle commence sa carrière en tant que calculateur humain. Le travail de Katherine Johnson et de ses collègues consiste à effectuer manuellement des calculs complexes pour les ingénieurs. Elle passera ensuite quatre ans à analyser les données d’essais en vol et à enquêter, à la suite d’un accident d'avion causé par des turbulences de sillage, grâce à la boîte noire de l’engin.

En 1957, l’URSS lance en orbite le satellite Spoutnik, premier satellite artificiel de l’Histoire. Les Soviétiques creusent l’écart avec les États-Unis dans la course à l'espace. Pour y répondre, en 1958, la NACA est incorporée à la National Aeronautics and Space Administration (NASA), pour laquelle Katherine Johnson travaillera jusqu’en 1986.

Au sein de la NASA, Katherine Johnson travaille sur de nombreuses missions. En 1961, elle effectue des analyses de trajectoire de lancement de la mission Mercury-Redstone 3, cette mission permet aux Américains de mettre pour la première fois un humain dans l’espace. Puis en 1962, elle vérifie à la main les calculs de trajectoire informatisés de la première mission américaine envoyant un homme en orbite autour de la Terre : Mercury-Atlas 6. Ce calcul est commandité par l’astronaute John Glenn, il connaît bien son travail et à confiance en ses calculs. Le vol est un franc succès et marque un tournant dans la course à l'espace. En 1969, c’est la consécration de sa carrière, Katherine Johnson aide à préciser la trajectoire de rencontre spatiale entre le module de commande et le module lunaire Apollo 11 quand celui-ci remonte de la surface de la Lune.

Katherine Johnson a souvent surmonté le racisme et le sexisme sur son lieu de travail. Pendant ses années à la NASA, elle donne aussi des cours particuliers en mathématiques aux étudiants et plaide pour un meilleur accès à l'enseignement des STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) pour les jeunes filles noires.

Durant sa carrière, Katherine Johnson obtient de nombreuses distinctions, dont la plus importante, la Médaille Présidentielle de la Liberté, la plus haute distinction civile américaine par le président Barack Obama en 2015.

Sa vie fait aussi l’objet de retranscription au cinéma et en livre : en 2016, la carrière de Katherine Johnson est retracée dans « Hidden Figures : The American Dream and the Untold Story of the Black Women Mathematicians Who Helped Win the Space Race » (« Les figures de l’ombre ») et en septembre 2019, dans le livre « Combien de pas jusqu'à la lune », de Carole Trébor.

Katherine Johnson est décédée en 2021 aux États-Unis dans l’État de Virginie.

Crédit photo : NASA
Date(s)
du 28 novembre 2022 au 5 décembre 2022