Publié le 24 octobre 2022
– Mis à jour le 27 juin 2023
Auteure lorsqu’elle était étudiante de la découverte majeure des pulsars, Jocelyn Bell aurait sans nul doute mérité de partager le Nobel qui a été attribué à son directeur de thèse.
Jocelyn Bell est une astrophysicienne britannique. Elle est née le 15 juillet 1943 à Belfast en Irlande du Nord. Très jeune, elle s’intéresse à l’astronomie et accompagne souvent son père architecte à l’observatoire de Armargh, à la conception duquel il a contribué.
Ses parents l’envoient de 1959 à 1961 dans un pensionnat pour jeune fille à York. Elle intègre l’Université de Glasgow de 1960 à 1965, date à laquelle elle obtient un «bachelor of science». Elle poursuit par la réalisation d’une thèse de doctorat à l’Université de Cambridge. Elle est alors engagée à l’Université de Southampton, puis à l’University College de Londres et enfin à l’Observatoire d’Edimbourg.
Au cours de la réalisation de sa thèse de doctorat, à l’Université de Cambridge, Jocelyn Bell cartographie et étudie les quasars. La jeune chercheuse est la première à remarquer des signaux radios dont la position est constante et dont les pulsations (environ une par seconde) sont incroyablement régulières. La source est d’abord appelée LGM1 (pour Little Green Men1) mais Jocelyn Bell et Anthony Hewish, son directeur de thèse qu’elle a convaincu de la justesse de ses observations, l’interprètent comme des pulsars, c’est-à-dire des étoiles à neutrons qui tournent rapidement sur elles-mêmes et émettent un rayonnements électromagnétique très intense et directif, un peu à la manière d’un phare.
L’étudiante et son directeur de thèse publient ces travaux révolutionnaires ensemble, mais Jocelyn Bell n’est pas reconnue comme étant à l’origine de la découverte. Si elle reçoit conjointement avec son directeur de thèse le Prix Michelson en 1973, Antony Hewish remporte seul le Prix Nobel de physique de 1974 pour la découverte des pulsars. L’astrophysicien britannique Fred Hoyle monte au créneau et critique vertement l’Académie Nobel pour cette bévue qu’il qualifie de « scandale scientifique d’envergure », une attitude qui, selon certains, lui coûte le Nobel de Physique de 1983, attribué à Fowler et Chandrasekhar, alors que Hoyle a apporté des contributions majeures au domaine récompensé.
Jocelyn Bell, qui n’a à l’époque que 24 ans, est maman d’un enfant d’un an et demi et travaille dur pour conserver son emploi, préfère se tenir loin de cette controverse et poursuit ses recherches. A une époque où la majorité des scientifiques sont masculins, elle est la seule femme senior de son domaine. Elle devient Professeure de physique à l'Open University, qui donne des cours à distance, et Doyenne de l’Université de Bath (Royaume-Uni).
Jocelyn Bell est restée d’une modestie et d’une humilité qui forcent le respect. Elle dit qu’elle ignore si elle n’a pas eu le Nobel parce qu’elle était étudiante ou femme.
En 2010, le documentaire Beautiful Minds de la BBC lui rend un magnifique hommage. Elle reçoit de nombreuses distinctions tout au long de sa carrière, dont en 2018 le Fundamental Physics Prize d'une valeur de 3 millions de dollars que, chapeau bas, elle lèguera à l'Université d'Oxford afin de créer une bourse en faveur des étudiants de catégories sous-représentées en physique. En 2019, elle a publié le livre “The Sky is for Everyone: Women Astronomers in Their Own Words”.
Credit photo: Glenn Marsch/Flickr
Date(s)
du 24 octobre 2022
au 31 octobre 2022