La découverte du VIH.
Françoise Barré-Sinoussi est une immunologue française spécialisée dans les rétrovirus. Elle a participé à l’identification du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) qui est à l’origine du Sida. Cette découverte fondamentale a été le point de départ d’une recherche mondiale pour le développement de tests de diagnostic et d’approches thérapeutiques. Elle est lauréate, avec Luc Montagnier, du prix Nobel de physiologie ou médecine 2008.
Françoise Barré-Sinoussi nait en juillet 1947. Après l’obtention de son baccalauréat en 1966, elle décide de poursuivre des études supérieures de biologie à Paris. En 1968, elle est diplômée en chimie et biologie. Après avoir approfondi son cursus avec plusieurs maitrises, elle intègre au début des années 1970 le laboratoire de Jean-Claude Chermann au sein de l’unité dirigée par le Professeur Luc Montagnier à l’institut Pasteur. Elle obtient son doctorat en 1974.
Un nouveau syndrome d’immunodéficience, touchant des hommes jeunes, est découvert en 1981 aux Etats-Unis. Les malades présentent un système immunitaire très affaibli et décèdent dès lors d’infections opportunistes ou de cancer. La cause de la perte soudaine de leur immunité demeurait inconnue. Un médecin clinicien parisien, Willy Rozembaum, émet l’hypothèse qu’un virus humain pourrait être responsable de la maladie, peut-être un rétrovirus, et envoie des cellules ganglionnaires d’un patient dans le laboratoire de Luc Montagnier, expert de ce type de virus.
Les rétrovirus possèdent un matériel génétique composé d’ARN. Ces virus copient ou « rétro-transcrivent », d’où leur nom, leur ARN en ADN, qu’ils intègrent ensuite dans le génôme de la cellule infectée. Or, l’équipe de Luc Montagnier, dont Françoise Barré-Sinoussi fait partie, détecte l’enzyme (transcriptase inverse) capable de rétro-transcrire l’ARN en ADN dans les extraits de cellules ganglionnaires de patients immunodéficients. Ces cellules sont donc infectées par un rétrovirus ! Le microscopiste de l’unité, Charles Dauguet, parvient à visualiser le virus par microscopie électronique en février 1983. Les chercheurs montrent ensuite que ce rétrovirus n’est pas identique au seul rétrovirus humain connu à cette époque. Il s’agit donc bien d’un nouveau virus !
Le 20 mai 1983, les chercheurs du laboratoire de Luc Montagnier publient un article dans la revue Science où ils annoncent avoir découvert un nouveau rétrovirus chez un patient présentant des symptômes liés au SIDA. Françoise Barré-Sinoussi en est la première auteure. L’importance majeure de cette découverte lui valut, ainsi qu’à Luc Montagnier, le prix Nobel de physiologie ou médecine en 2008.
L’identification de ce nouveau virus a eu un impact considérable sur la vie des patients, puisqu’elle a permis rapidement de mettre au point un test diagnostic et ensuite une thérapie consistant aujourd’hui en une combinaison d’au moins trois antiviraux qui permettent aux malades d’avoir une espérance de vie normale et de ne pas transmettre le virus. Une collaboration internationale de grande ampleur a été mise en place pour développer un vaccin. Cependant, l’absence de réponse immunitaire spontanée, la destruction d’une partie du système immunitaire et les mutations fréquentes du VIH compliquent la mise au point d’un vaccin.
Outre son rôle majeur dans la découverte du virus, Françoise Barré-Sinoussi a poursuivi ses travaux sur les rétrovirus et a participé activement à des projets de recherche internationaux sur le SIDA. Elle a présidé plusieurs associations et sociétés qui luttent contre le SIDA. Elle s’est également impliquée très activement dans la gestion de la recherche en France.
Plus récemment, lors de la pandémie de COVID-19, elle est nommée présidente du « Comité analyse recherche et expertise » qui conseille le gouvernement sur les traitements et tests contre le SARS-CoV-2.
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