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Scientific Woman of the Week - Eunice Newton Foote

Publié le 6 février 2023 Mis à jour le 27 juin 2023

Une reconnaissance volée

Eunice Newton Foote est une scientifique américaine, elle est la première chercheuse à avoir identifié le phénomène de l’effet de serre. Cependant, sa renommée ne s’est faite que 150 ans plus tard. Elle fût aussi une grande militante pour l’égalité des femmes, en tant que membre d’ une des premières conventions américaines des droits des femmes.

Eunice Newton Foote est née en 1819 dans l’état du Connecticut. Elle est la fille de Isaac Newton Junior, un lointain cousin d’Isaac Newton. Elle fait sa scolarité dans une école consacrée aux jeunes filles. Elle a eu la chance de suivre des enseignements scientifiques, ce qui était rare pour les jeunes femmes de l’époque.

En 1856, elle décide d’étudier l’effet du rayonnement solaire sur le réchauffement de l’air ainsi que l’influence de la concentration de certains gaz, notamment le dioxyde de carbone (CO2). Ce phénomène prendra le nom bien connu d’« effet de serre ». Pour dresser ce constat, elle réalise une simple expérience à l’aide d’une pompe à air et de deux cylindres en verre, dans lesquels elle place deux thermomètres au mercure. Elle fera ensuite un vide partiel d’air dans l’un des cylindres, grâce à la pompe, en transférant l’air vers le second cylindre où la concentration d’air sera alors plus condensée. Elle exposera au soleil ces deux cylindres dont la température initiale est identique. Elle constatera à l’issue de cette première expérience que la température augmente davantage dans le cylindre où l’air est plus condensé. Elle réitèrera l’expérience en modifiant la nature des gaz placés dans les cylindres. Elle retentera l’expérience avec de l’air humide, de l’air sec, du dioxyde de carbone (CO2), … In fine, elle arrivera toujours à la même conclusion, que la température augmente davantage dans un des deux cylindres, en notant que le phénomène est plus important dans le cas de l’air humide et celui du dioxyde de carbone. 

En novembre 1856, elle publiera dans le American Journal of Science and Arts un article intitulé « Circonstances affectant la chaleur des rayons du soleil » décrivant ses résultats et faisant part de ses conclusions : le CO2 piégé dans un cylindre devient bien plus chaud que n’importe quel autre gaz et met bien plus de temps à refroidir que les autres gaz lorsqu’il n’est plus exposé au soleil. Elle écrivit ceci : “Une atmosphère [composée] de ce gaz donnerait à notre Terre une température élevée”. Eunice Newton Foot est donc la première à avancer l’importance du CO2 dans le cadre du réchauffement de l’atmosphère.

Malheureusement à cette époque, les femmes scientifiques sont très peu prises au sérieux. Foote ne sera pas autorisée à présenter son article auprès de l’Association américaine pour l’avancement des sciences, il sera présenté par un de ses collègues masculins, le professeur Joseph Henry. Après avoir lu l’article d’Eunice, il affirmera que la science n’a ni de pays ni de sexe.

Elle était bien consciente de sa place dans ce monde scientifique, c’est pourquoi dès 1849, Eunice Newton Foote a été l’une des signataires et des auteurs de la première convention américaine des droits des femmes : la Convention de Seneca Falls qui demandait l’égalité entre hommes et femmes en termes de statut social et de droits légaux.

Les travaux d’Eunice Newton Foote sont ignorés par la communauté scientifiques de l’époque. En effet, avant qu’un géologue américain retraité, Ray Sorenson, ne les redécouvre en 2011, la découverte de l’effet de serre était attribuée au scientifique John Tyndall. Il s’est très certainement inspiré des expériences d’Eunice pour rédiger ses propres travaux, sans jamais prendre soin de la mentionner.

Eunice Newton Foote a ainsi été considérée comme une amatrice ; ses travaux ayant été systématiquement minimisés et ses résultats scientifiques attribués à des collègues masculins.

Il aura fallu attendre 155 ans pour que Eunice Newton Foote obtienne la reconnaissance qu’elle mérite pour ses découvertes. En 2020, ses recherches ont enfin été présentées et reconnues publiquement par l’American Association for The Advancement of Science.

Date(s)
du 6 février 2023 au 13 février 2023