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Scientific Woman of the Week - Beatrice Tinsley

Publié le 5 décembre 2022 Mis à jour le 27 juin 2023

Beatrice Tinsley (1941-1981), née Béatrice Hill, astrophysicienne néo-zélandaise mondialement reconnue pour ses travaux précurseurs sur la vie et la mort des galaxies et sur l’évolution de l’Univers. Première femme professeur d’astronomie de l’université de Yale, elle a fait des choix personnels difficiles pour pouvoir suivre son étoile.

Beatrice Hill Tinsley est née en 1941 à Chester, Angleterre. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, sa famille quitte l’Angleterre et émigre en Nouvelle-Zélande où son père se destine à une carrière d’homme d’église – il était membre du « Réarmement Moral » – et de politicien. 

Enfant, Beatrice Tinsley suit le précepte de son père qui l’invitait à toujours tout remettre en question. Curieuse, esprit rebelle et dénuée de respect pour l’autorité, elle s'intéresse aux sciences et décide très tôt de devenir astrophysicienne.  Elle étudie dès lors la physique à l’Université de Canterburry à Christchurch où elle rencontre son futur époux, Brian Tinsley, lui aussi étudiant en physique. Elle obtient son Master en Science en 1962 et remporte tous les prix disponibles au cours de son cursus : le prix Haydon de physique, le prix Cook Memorial, le prix Warwick House, la Mémorial Scholarship et une Post-graduate Scholarship.

Elle découvre alors, outrée, que comme son mari Brian Tinsley est déjà titulaire d’un poste à l'Université de Canterbury, le règlement de l’Université ne lui permet plus d’y obtenir que des contrats à courts termes.  En 1963, le couple déménage aux États-Unis où Brian Tinsley est recruté par l’Université du Texas à Dallas, période qu’elle qualifie d’étouffante. Elle provoque un mini-scandale au sein de la société de l’université en refusant d’organiser un traditionnel « thé facultaire », tâche dévolue aux épouses des professeurs.

En 1964, elle s’inscrit en thèse à l’Université de Austin qui se trouve à plusieurs centaines de kilomètre de Dallas, ce qui l’oblige à de longs allers-retours chaque semaine.  Au cours de ses recherches, elle s’intéresse rapidement à l’évolution des galaxies et au problème de l’expansion de l’Univers. Sa thèse, défendue en 1968, sera intitulée « Evolution of galaxies and its significance for cosmology ».

Les travaux de Beatrice Tinsley réfutent les théories qui modélisent un Univers « fermé » qui terminera son existence dans un grand effondrement ou « Big Crunch » et indiquent plutôt que l’Univers serait « ouvert », c’est-à-dire infini et que son expansion durera éternellement.  Son article, « An unbound Universe » (« un univers sans limite ») a provoqué un changement de paradigme dans le monde de la cosmologie.

En 1975, elle publie, avec James Gunn, dans la revue Nature un article intitulé « An accelerating universe » (« un univers en accélération ») dans lequel ils proposent, toujours sur base d’observations, que l’Univers est en expansion accélérée, sous l’influence d’une « constante cosmologique », une forme d’énergie dont l’existence avait déjà été postulée par Einstein en 1917. Aujourd’hui, le modèle standard de la cosmologie, dit modèle ΛCDM, repose essentiellement sur les mêmes constatations.

Malgré ses travaux exceptionnellement créatifs et novateurs, Béatrice Tinsley n’obtient pas de poste académique au Texas. Refusant de sacrifier sa carrière, elle s’éloigne de sa famille pour prendre un premier poste à l'Observatoire Lick de l'Université de Californie suivi peu après par un poste de professeur assistant à la prestigieuse Université de Yale. En 1974 elle est récompensée par le prestigieux Prix d'Astronomie Annie J. Cannon de l’American Association of University Women.

En 1978, Béatrice Tinsley devient la première femme professeur d'astronomie de l’Université de Yale.

En 1981, elle décède d’un mélanome. Elle avait 40 ans et était l’auteure de plus d’une centaine d’articles scientifiques.

En 1986, l'American Astronomical Society crée le « Prix Beatrice Tinsley » qui vise à récompenser une « une contribution de recherche exceptionnelle à l'astronomie ou à l'astrophysique, d'un caractère exceptionnellement créatif ou innovant ». 

En 1989, l’université du Texas à Dallas crée la chaire Beatrice Tinsley.

Crédit photo : Yale University Library Manuscripts & Archives

"Let me be like Bach, creating fugues,
Till suddenly the pen will move no more.
Let all my themes within - of ancient light,
Of origins and change and human worth-
Let all their melodies still intertwine,
Evolve and merge with ever growing unity,

Ever without fading,

Ever without a final chord…
Till suddenly my mind can hear no more.
"

Poème de Béatrice Tinsley

Date(s)
du 5 décembre 2022 au 12 décembre 2022