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Explorer la biodiversité « du coin de la rue » : un BioBlitz scientifique et collaboratif au cœur d’Anderlecht

Publié le 22 avril 2025 Mis à jour le 22 avril 2025

Les 17 et 18 avril derniers, les étudiant·es de 3e année en biologie de l’ULB ont quitté les auditoires pour se plonger, loupes et carnets en main, dans un véritable exercice de terrain : un BioBlitz organisé dans la Réserve Naturelle Agréée du Vogelzang, à Anderlecht. Cette activité s’inscrivait dans le cadre du cours de Biodiversité et Conservation, et visait à confronter les savoirs théoriques acquis à l’université à l’observation concrète de la biodiversité sur le terrain.

Un BioBlitz, c’est un terme un peu étrange venu d’outre-Atlantique qui désigne une activité de recensement collectif de la biodiversité. Le but est simple: identifier un maximum d’espèces dans un temps et un espace délimités. Il s’agit d’une sorte de concours collaboratif, à la fois ludique et rigoureux, qui incite à pratiquer l’observation attentive et à poser un regard neuf sur les espèces qui nous entourent, tout en générant des données scientifiques utiles pour la conservation.

Dans cette perspective pédagogique, l’objectif de Roxane Beyns, titulaire du cours de Biodiversité et Conservation, était double: sensibiliser les étudiant·es à la richesse souvent méconnue de la biodiversité urbaine, tout en les amenant à prolonger leur formation académique par une expérience de terrain concrète, au contact d’associations actives sur le territoire bruxellois. Il s’agissait ainsi de leur faire découvrir la diversité des pratiques, des expertises et des engagements qui existent en dehors du cadre institutionnel, et d’ancrer les connaissances dans une réalité locale et vivante.

La réserve naturelle du Vogelzang, écrin de biodiversité niché en plein cœur d’Anderlecht, à seulement quinze minutes à pied d’une station de métro, s’est présentée comme un lieu idéal pour cette immersion naturaliste. C’est dans cette optique que s’est construite une quadruple collaboration entre l’ULB, les Cercles des Naturalistes de Belgique (CNB), la Commission pour la Conservation, la Gestion et le Développement de la Nature dans la vallée du Vogelzangbeek (CCN Vogelzang), et la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux (LRBPO). Ce partenariat a pu voir le jour grâce à Claire Baudoux, éco-pédagogue aux CNB, qui a joué un rôle clé dans la mise en réseau. Elle a notamment permis la rencontre avec Elisabeth Fauville, guide nature et passionnée d’entomologie au sein du CCN Vogelzang, ainsi qu’avec Jean-Pol Renoy, spécialiste des oiseaux à la LRBPO. Leur expertise et leur enthousiasme ont largement contribué à enrichir l’expérience sur le terrain et à accompagner les étudiant·es dans leurs observations.

Pour documenter leur recensement, les étudiant·es ont utilisé la plateforme iNaturalist, un outil de science participative en ligne qui permet de publier des observations géolocalisées et illustrées par des photos. L’un des atouts majeurs d’iNaturalist repose sur le principe de l’identification collaborative : les autres utilisateurs.trices de la plateforme, parfois des expert·es, peuvent affiner ou valider les identifications proposées. Les données confirmées sont ensuite intégrées dans des bases scientifiques ouvertes comme le GBIF (Global Biodiversity Information Facility), ce qui permet leur exploitation par la recherche et pour la gestion de la biodiversité. De nombreux projets s’appuient désormais sur ces contributions citoyennes : cartographie de la flore bruxelloise, suivi des oiseaux de jardin, détection d’espèces exotiques envahissantes… Ces dernières années, les sciences participatives et citoyennes connaissent un essor considérable, et constituent un levier précieux pour renforcer la production des connaissances scientifiques.

En parallèle de l’exercice, les étudiant·es ont eu l’occasion de découvrir, en bordure de la réserve, une vitrine de l’agriculture urbaine bruxelloise : l’Espace Test Agricole, un projet porté par l’ASBL Le Début des Haricots, qui soutient la production alimentaire locale et durable à destination des bruxellois·es. Ils y ont également découvert le projet Biotiful, qui associe agriculture respectueuse de l’environnement, circuits courts et inclusion sociale. Cette visite leur a été présentée par Francisco Davila, biologiste de formation passé par les mêmes bancs de l’ULB, aujourd’hui engagé dans ce projet porteur de sens. Ces visites ont enrichi l’expérience en ouvrant une réflexion plus large sur les liens entre biodiversité et alimentation, en connectant les étudiant·es aux initiatives concrètes qui façonnent Bruxelles au quotidien.

Au total, 268 espèces ont été recensées durant les deux journées de terrain, dont près de 28 % ont déjà atteint le niveau “recherche” sur iNaturalist. De nombreuses observations sont encore en cours d’identification par des spécialistes, notamment ceux mobilisés via les Cercles des Naturalistes de Belgique. La qualité et la richesse des données collectées témoignent du sérieux et de l’enthousiasme des étudiant·es, qui ont su conjuguer rigueur scientifique et curiosité naturaliste.

Au-delà de l’événement ponctuel, cette première édition du BioBlitz ouvre de belles perspectives. Si l’activité était reconduite chaque année, à la même période et selon les mêmes protocoles, elle pourrait devenir un véritable outil de suivi écologique. Cela permettrait d’observer l’évolution de la biodiversité sur le site, de détecter d’éventuels déclins ou apparitions nouvelles d’espèces, et de fournir des informations précieuses pour orienter la gestion de la réserve dans un contexte urbain et climatique en mutation.

Encore un grand bravo aux étudiant·es en biologie et à leurs encadrant·es pour ce franc succès, qui démontre toute la richesse d’un apprentissage de terrain vivant, engagé et ancré dans son territoire.

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